14 juin 2019
Il y a un an, Lille Métropole Habitat (LMH) et Vilogia SA créaient un Groupement d’intérêt économique (GIE) entièrement dédié au renouvellement urbain : La META (Mutualisation des Energies pour Transformer et Aménager). Christophe Cousin, son Directeur Général, revient sur les raisons de ce rapprochement, les défis à relever et les premières réalisations.
Christophe Cousin : Les statuts de la META étaient déposés depuis 3 mois ! On a eu l’idée du regroupement des deux bailleurs très en amont de la loi de finance et des annonces de l’État sur la RLS, les taux de TVA, etc. avec tous les impacts financiers que l’on sait pour les bailleurs. Non, le raisonnement économique n’est pas le premier principe de regroupement de Vilogia et LMH.
C.C. : À l’échelle de la métropole lilloise, Vilogia et LMH sont positionnés sur les mêmes quartiers de renouvellement urbain. Si on ne s’entend pas sur la nature des interventions, sur les volumes financiers nécessaires, il va y avoir un décrochage patrimonial qui va nuire aux deux bailleurs et aux habitants. Donc, on s’est dit : il faut qu’on harmonise. C’est le principe de base de notre regroupement. Chaque bailleur garde sa stratégie, sa politique d’entreprise, ses orientations de développement. L’idée est d’harmoniser, à un moment donné sur un territoire donné, des pratiques pour atteindre un objectif partagé.
C.C. : Vilogia et LMH représentent 80 % du projet de l’enjeu de renouvellement urbain de la métropole lilloise. Le deuxième principe, c’est de sortir du rôle de simples opérateurs pour devenir acteurs de la ville, et pour cela, il faut peser dans le débat politique de définition des projets de renouvellement urbain. C’est une question de masse critique : 80 % du volume d’affaires ou d’un projet, ça compte ! C’est aussi une question de compétences. Ensemble, nous allons générer une ingénierie aux compétences techniques équivalentes à celles des collectivités, capable de penser la ville, de rentrer dans le montage de projets complexes, et reconnue comme telle par les collectivités.
C.C. : Oui, mais c’est l’aboutissement, pas l’origine. Nous voulons construire une seule et même équipe qui travaille pour les deux bailleurs, réunir ces fameuses compétences dont je viens de parler. On est bien dans une logique d’optimisation des ressources et de rationalisation, parce qu’au lieu d’avoir 12 chefs de projet, il n’y en a plus que 2. Mais je le répète, c’était avant la RLS, qui est venue confirmer nos pressentiments.
C.C. : Nous prévoyons d’investir ensemble environ 1,2 milliard d’euros sur 10 ans. Preuve que nous sommes des acteurs de la ville ! Être capable, ensemble, de mobiliser autant d’argent prouve notre crédibilité politique et économique. Nous ne sommes que 14 au GIE, pour 38 sites, mais chez chaque bailleur il y a des équipes qui travaillent sur les projets : des conducteurs d’opération, des responsables de programme pour la maîtrise d’ouvrage, des responsables d’agence. Si l’on parle crédits d’ingénierie, oui on a optimisé les coûts de 30 %. Mais surtout, on a initié un mouvement qui va entraîner l’ensemble des bailleurs.
C.C. : Rentrer dans cette dynamique demande un premier sacrifice aux équipes qui est de déconstruire leurs référentiels. À la META, nous parlons de vélocité. Je pense à une opération à Tourcoing où il y a deux bâtiments à démolir en même temps, l’un est Vilogia, l’autre LMH. Il y a 5 ans, on aurait fait la course à celui qui arrive le premier. Là, les deux chargés d’opération de Vilogia et LMH s’attendent. Faites évoluer les mentalités et les pratiques, et vous construisez vraiment autre chose.